Eileen

Née en 1901 à Montréal, Eileen Rutherford était la fille d'Ernest Rutherford et Mary (dite May) Newton (tous deux originaires de Nouvelle-Zélande). 
Elle suivit ses parents à Manchester, en Angleterre, en 1907, les accompagna quand il déménagèrent à Cambridge en 1919 et épousa Ralph Fowler, un collègue de son père, en 1921. Eileen et Ralph eurent quatre enfants, dont Ruth, déjà évoquée ici. 
Mais à part ces quelques données chronologiques et géographiques (et la date de sa mort), je ne sais pas grand chose sur Eileen. 
J'ai pourtant enquêté, épluché tous les bouquins dont je dispose, fouillé dans des monceaux d'archives en ligne, consulter les autobiographies de certaines de ses amies devenues célèbres par la suite (Alice Hopkinson ou Cecilia Payne-Gaposhkin).

Dans un deuxième temps, j'ai eu l'idée d'interroger les documentalistes des différentes écoles où il était possible qu'elle soit allée (Lady Barn House School, Bedales, Withington Girls School, Newnham College). J'ai découvert des personnes admirables, serviables, enthousiastes pour mon projet et tout aussi passionnées que moi par ce genre de périple dans les labyrinthe des documents d'archive. Vous connaissez sans doute la traduction de "looking for a needle in a haystack". Que toutes ces personnes soient ici remerciées (je ne donne pas les noms, mais si j'arrive au bout de mon projet, ils figureront en bonne place dans la page des remerciements !)
J'ai ainsi obtenu des confirmations, des dates et même, dans certains cas, des bulletins scolaires (de vieux bulletins scolaires de Lady Barn House School des années 1907 à 1913 : quelle merveille !)
J'en ai également appris un peu plus sur les convictions d'Ernest Rutherford. Ce n'est sans doute pas anodin de placer sa fille dans des écoles non-confessionelles et pratiquant un principe éducatif plutôt révolutionnaire pour l'époque : la co-éducation des filles et des garçons. 
(La seule exception est Withington Girls School, mais Eileen n'y est restée qu'une semaine.)
Cependant, malgré l'aide précieuse des personnes qui m'ont répondu il me reste encore des zones d'ombres. Je tente encore de les éclairer.

En complément de toutes ces données chiffrées ou de ces textes, archives, mémoires, comptes-rendus, bulletins, les autres élements précieux sont les photographies (et cela concerne tous les personnages "secondaires" de mon roman). 
Dans le cas d'Eileen, les images sont rares. 
Alors quelle satisfaction de tomber, il y a quelques mois, sur le cliché reproduit ci-dessous ! Quelle émotion de se trouver face au sourire radieux de cette petite fille de dix ans, disparue depuis près d'un siècle. 
J'ai subitement l'impression de la connaître un peu mieux. 

Source de l'image : Robin Marshall, Manchester Particle Physics Group, http://www.hep.manchester.ac.uk/u/robin/former.html
Titre d'origine : "Picture A5 Holiday in Scotland". 
La date n'est pas indiquée mais dans une lettre de 1911, Ernest Rutherford indique qu'il va passer le mois d'oût en Ecosse et que ce sera la première fois qu'il s'y rendra. Et Eileen me semble bien avoir dix ans.  
Premier rang : Otto Darbishire (maître de conférence en botanique) Eileen Rutherford, Cary Schuster (épouse d'Arthur Schuster), Sybil Schuster (fille de la précédente), Ernest Rutherford.
Deuxième rang, juste derrière Eileen : Norah Schuster, une autre fille de Cary et Arthur Schuster, qui deviendra tout aussi célèbre que son père. Les deux autres jeunes filles ne sont pas identifiées. 

Note : si je parle de cette photo et de mes recherches concernant Eileen aujourd'hui, c'est parce que je suis justement plongé actuellement dans cette année 1911. Ernest Rutherford vient d'avoir 40 ans. Sachant que j'ai commencé il y a tout juste un an à raconter son histoire, en prenant l'année 1895 comme point de départ (il avait 24 ans), un calcul rapide permet de voir que j'ai  "parcouru" 16 années de son existence en un an de travail, puisque j'ai commencé la rédaction proprement dite de mon roman en juin 2019 (je ne parle pas des huit années précédentes pendant lesquelles j'ai rassemblé de la documentation).
Comme Ernest est mort à 66 ans en 1937, je vous laisse estimé le nombre de mois de travail qu'il me reste.
ALlez, j'y retourne : je vais retrouver Marie Curie, Albert Einstein, Paul Langevin (et Ernest, bien sûr), à Bruxelles, pour le premier congrès Solvay.

#PrimordiaQuaerereRerum #ErnestRutherford #Archives