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Sébastien Fritsch, Ecrivain
11 mars 2017

Jeanne Benameur - Profanes

Profanes - Jeanne Benameur

Croyez-moi : j'ai vraiment essayé de m'accrocher. Mais ma difficulté à entrer dans ce roman s'est finalement changé en impossibilité à dépasser la page 145. Ce n'est pas le manque d'action (je suis fan de Modiano, ce qui vous donne une idée sur ma tolérance face au roman où ils ne se passe rien), mais plutôt le vide qui réside dans tout le reste : les personnages, le style, les idées.
Les premiers sont des stéréotypes, décrits par petites bribes, jetées de loin en loin et sans aucune profondeur : les gens du peuple ont des parents alcooliques, les artistes peintres ont une douleur qui les a conduit vers leur art ; les anciens militaires sont torturés par leur passé sur les champs d'horreur.
Le style, quand à lui, est froid, plat, sans recherche, bourré de répétitions et de mots vagues (et laids, en plus), tels que "objets", "choses". Cela n'aide pas à trouver du sens aux états d'âmes des protagonistes : leurs pensées, leur sentiments, leurs émotions, énoncés si froidement, sans finesse, sans efforts, paraissent artificiels. Et ce qui n'arrange rien, l'auteur se sent obligée de massacrer la ponctuation pour se donner un genre innovant. Sauf que ça n'est plus tellement innovant : Ouest de François Vallejo m'avait déjà suffisamment agacé pour la même raison et c'était... il y a bien dix ans. Alors supprimer les virgules, les guillemets... ça n'est pas très neuf. Et en utiliser quand même par-ci, par-là... c'est plutôt incohérent et assez étonnant. En tout cas, je n'ai compris ni la logique ni l'utilité de ces changements. Quoi qu'il en soit, comme dans Ouest, je trouve que l'on perd aussi beaucoup de profondeur, de chaleur, de vie, de richesse, quand on construit des conversations ou quand on évoque des pensées par de simples alignements de mots, sans les respirations que permet la ponctuation.
Dernier point, les idées. Apparemment, l'argument central du livre est la foi : foi en Dieu pour certains, foi en l'homme, en la vie pour d'autres ; et le recours que l'on peut trouver dans cette foi, religieuse ou profane (d'où le titre du roman, si jamais tu te posais la question). Mais bon. A part quelques phrasounettes pseudo-philo de temps à autre, je ne vois pas trop quelle thèse a voulu développer Jeanne Benameur. Et les tentatives d'aphorismes abscons qu'elle sème au fil des pages n'éclairent pas vraiment.
Exemples : "la mort est un point. Seulement un point. Et un point est pas une frontière". (page 142)
"Le monde est acceptable si on voit les choses une par une. C'est l'emmêlement qui ne l'est pas." (page 145).
C'est là que j'ai lâché.

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