Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sébastien Fritsch, Ecrivain
24 octobre 2009

Jacques Poulin - Le Coeur de la baleine bleue

C'est le hasard, sans doute, mais après cinq mois sans ouvrir un livre, les deux premiers qui me passent entre les mains m'apparaissent avoir quelques points communs. Non, je n'ai pas dit que le style de Jacques Poulin et celui d'Emmanuelle Pagano se ressemblaient. Ils sont même très distants l'un de l'autre. Simplement, dans Le Coeur de la baleine bleue, la mort, la solitude et la tristesse sont tout aussi présentes que dans Le Guide automatique
Ici, cependant, c'est dans la douceur que l'on visite ce pays solitaire et mélancolique qu'est la vie de Noël. Ce narrateur, apprenti écrivain, comme il se définit lui-même, n'est pourtant pas seul, en apparence. Sa femme Elise, le voisin Bill, le docteur Grondin (le chirurgien qui lui a fait une transplantation cardiaque), mais aussi la concierge, une serveuse poétesse et puis "la baleine bleue" : plein de gens tournent autour de lui.
Poulin_le_coeur_de_la_baleine_bleuePourtant, il est vraiment seul : seul face aux questions qui lui viennent à propos du coeur qu'on a greffé à la place du sien (un coeur de jeune fille qui, depuis qu'il bat dans sa poitrine, lui donne l'impression de ne plus être le même, d'être devenu plus doux) ; seul face au roman dans lequel il essaie d'avancer (mais l'histoire lui échappe, il ne parvient pas à rejoindre son "pôle intérieur", pour puiser ce qui manque à son histoire). Elise lui dit d'ailleurs qu'elle l'attendra "de l'autre côté" ; ce qui veut dire qu'elle restera dans l'attente, jusqu'à ce qu'il ait fini son roman et qu'il soit revenu de ce voyage en solitaire.
On retrouve ici l'un des thèmes importants de Jacques Poulin : le travail de l'écrivain. Et il en dit encore de belles choses. 
Mais l'on retrouve aussi des lieux qui lui sont chers. Et c'est dans le Vieux Québec qu'il choisit de nous entraîner, pour que nous suivions Noël dans ses promenades sur les lieux de son passé. Des promenades... solitaires.
Pour finir, je reviendrai à ce que je disais en introduction : les points communs entre ma précédente lecture et celle-ci. J'en vois effectivement un autre : la capacité de ces deux auteurs à nous emporter dans leurs décors, à nous les faire visiter, à la fois par les descriptions mais aussi par les sensations que peuvent offrir ces lieux, des sensations très bien rendus, au travers du regard de leurs narrateurs. Car, en fin de compte, c'est peut-être plutôt l'intérieur de leurs personnages que nous sommes invités à parcourir. Pour sentir battre en nous ces coeurs qui ne sont pas les nôtres.  
 
Un passage :
- Pourquoi un homme commence-t-il à écrire ?
- Peut-être parce qu'il a du mal à vivre...

Publicité
Commentaires
S
@ Lucie : j'ai entendu parler de celui-là (et en bien, à chaque fois) : je crois que je me laisserai tenter.
Répondre
L
Je recommande aussi La traduction est une histoire d'amour.
Répondre
S
@ Antigone : je te conseille aussi les Grandes marées, si tu ne l'as pas déjà lu.
Répondre
A
Je me demandais quel titre lire de lui après "la tournée d'automne", tu m'as convaincue d'essayer celui-ci. Je le note !!<br /> J'aime bien ton expression "se garder un petit Jacques Poulin de côté" et te retrouver par ici aussi !!!;o)
Répondre
S
@ Lucie : oui, je bons souvenirs ! J'ai mis le temps à le lire, mais c'était voulu : j'aime bien me garder un petit Jacques Poulin de côté, comme une petite douceur dont on se régale à l'avance. Conclusion : maintenant, je n'en ai plus : il faut que je fonce en acheter un !
Répondre
Publicité
Derniers commentaires
Publicité