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Sébastien Fritsch, Ecrivain
12 janvier 2008

Jacques Poulin - Les grandes marées

Teddy, traducteur de bandes dessinées publiées dans la presse, se retrouve gardien d'une île solitaire au milieu du St-Laurent, l'Ile Madame. Pourquoi ? Parce que son patron veut son bonheur. Et, pour Teddy, le bonheur, c'est pouvoir travailler ses traductions au calme, avec la seule compagnie de ses dictionnaires et de son chat Matousalem. Tout va bien pour lui, jusqu'à ce que le Patron commence à sentir que le bonheur de Teddy n'est pas parfait. Qu'à cela ne tienne : le Patron, efficace, fera en sorte d'arranger les choses sans délai. Et la solution, c'est de laisser le traducteur travailler dans l'isolement... tout en brisant sa solitude. Marie, une jeune femme un peu marginale, viendra donc le rejoindre. Elle prendra la maison du sud. Il gardera la maison du nord... et les deux chats : Matousalem et Moustache, nouvelle venue.
Mais les mois passent, et il s'avère que, malgré leur vie tranquille, faite de calme, de paroles échangées, de respect, les deux occupants de l'île donnent encore l'impression au Patron que leur bonheur n'est pas parfait... Alors, au fil des mois, d'autres personnages arriveront, déposés sur l'île Madame par l'hélicoptère du patron, à chaque période de grandes marées.
La petite communauté qui se crée ainsi est un mélange hétéroclite de personnalités toutes originales... et pas toujours compatibles. Pourtant, on découvre peu à peu que chacune de ces personnes à un rôle à jouer. Et la "pièce" dans laquelle elles jouent n'est autre que la vie de Teddy le traducteur solitaire.
A la lecture de ce roman, tout en douceur, en images et en situations certes farfelues, mais plutôt calmes et simples (au moins au départ), on sent surtout un charme tendre, très agréable. Puis l'ambiance évolue... mais je ne peux pas en dire plus. L'écriture, elle, reste très belle, tout en douceur et en finesse, au fil des pages, et l'humour n'est pas absent.
Pourtant, quand on atteint le point final, on comprend que ce n'est ni un conte gentillet, ni une succession de situations plaisantes et/ou amusantes. "Les Grandes Marées" s'avère, en fin de compte, être une fable bien plus grave que peuvent le laisser croire ses premiers chapitres et la simplicité de son personnage central ou la gentillesse attentive de Marie. C'est même une parabole sur la vie et ses pièges que nous offre Jacques Poulin, et surtout le piège le plus dangereux qui menace tout homme : les autres. 
En plus de cette morale, on trouve aussi des réflexions sur la création, l'écriture, et le travail intellectuel en général, ainsi que des idées sur la relation au langage.
La conclusion est donc : un grand merci à Lucie qui m'a fait découvrir ce roman (offert en même temps que Nikolski et qu'un autre livre dont je parlerai plus tard...Suspens...).
Ce fut un plaisir de connaître Jacques Poulin et j'ai hâte de me plonger dans ses autres romans.

Poulin_G_M

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Commentaires
S
@ Claudio, Avec le titre que tu cites et ceux que j'ai repérés sur le blog de Lucie, je crois que je vais pouvoir faire un long (et agréable) voyage dans la prose de Jacques Poulin.
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C
Bonjour, Sébastien. Je suis très heureux que tu aies apprécié ta première incursion dans l'univers de Jacques Poulin. Ma première rencontre avec l'auteur se fit avec le roman 'Le vieux chagrin' qui m'avait rempli d'émotions pas mal intenses dans les dernières pages. <br /> <br /> Comme cela le fit pour Lucie, la lecture de ton compte-rendu m'a donné le goût de lire du Jacques Poulin, pourquoi pas ce roman que tu as commenté et que je n'ai pas encore lu.
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S
@ Danaée. En partant de chez Lucie, l'envie de lire Jacques Poulin a fait un petit tour en France, et elle revient à Montréal ! Ce sont les joies des échanges par blogs !
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D
Je sais que c'est une vraie honte, mais je n'ai encore rien lu de Jacques Poulin. Il va vite falloir que je remédie à la chose! Merci pour ton commentaire.
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S
Eh oui, Lucie, et plus je pense à la remarque de Michel et plus elle me semble vraie. Et sur cette île, il y en a qui arrivent avec leurs oursons faits main, d'autres avec leurs histoires, d'autres avec leurs appareils photos, d'autres avec leurs pianos, d'autres avec leurs bouquins... Et le partage peut commencer !
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