Deep Purple - Child in Time
Ce titre de Deep Purple est le premier morceau de rock à
m’avoir flanqué des frissons.
Acheté 35 francs 70 dans un Carrefour de la banlieue
parisienne (*) un soir de l’hiver 1983 (eh oui, j’avais 13 ans de retard, mais en
1970, j’étais un tout petit peu jeune pour m’intéresser à ce style de musique !),
la galette magique intitulée « Deep Purple In Rock » a été posée dans
l’heure qui suivait sur mon… comment dit-on déjà ? électrophone ?
tourne-disque ? platine-disque ? Enfin, bon, un machin qui faisait crrr-crrr
et qui obligeait à se relever toutes les 35 ou 40 minutes pour aller retourner
ladite galette ou en mettre une autre à la place (eh oui, après avoir écrit un
roman médiéval, je continue dans la chronique historique). Mais ce machin qui
fait crrr-crrr était quand même un trésor ! Certains gamins s’évadaient de
leur quotidien familial en chevauchant leur mobylette, moi j’avais mon
tourne-disque ! Non, je ne l’ai jamais chevauché, je vous rassure.
Où l'on voit que ces mecs là ne se prenait pas pour n'importe qui.
"Who did they think they were?"
Ils ont donné la réponse au cours des années qui ont suivi.
Imaginez donc, la pénombre de la chambre d’un gamin de 14 ans, dans laquelle on distingue à peine le papier peint bleu, les rideaux bleus, le souk sur le bureau (gommes, crayons, Rötring, pochettes Canson et toujours un dessin en cours).
Imaginez alors le cercle noir qui commence à tourner, le
petit bras rigide que l’on soulève entre deux doigts pour le poser près du
bord, là où débute le sillon… On entend, crrr-crrr, crrr-crrr… et puis la
claque : « Speed King » fait exploser la chambre, ça part dans
tous les sens, ça cogne, ça grince, ça vibre… C’est dément (comme on disait à
l’époque, ce qui signifie, en langage djeun's d’aujourd’hui : « cétrodlabal ! »).
Mais passons, nous étions-là pour parler du frisson !
En effet, après avoir atteint, exsangue, la dernière note de
« Speed King » et avoir ramassé les divers éléments constitutifs de ma
boîte crânienne pour y repositionner, à peu près dans l’ordre, les abats qui me servent à analyser (sinon à comprendre) les stimulis extérieurs, j’ai pu savourer
« Child in Time ».
C’est la première chanson dont je suis tombé amoureux. Et
c’est aussi la première fois que je me suis rendu compte que l’on pouvait repasser
et re-repasser et re-re-repasser la même chanson cinq fois de suite. Vu qu’elle dure
10 minutes, ça permet de s’occuper un bon moment.
Alors, évidemment, c’est un peu kitsch par moment (le
ouh-ouh-ouh, par exemple). Mais c’était une autre époque (la preuve en image ci-dessous).
Deep Purple en 1970 - Oh, je veux les mêmes chaussures à talonnettes et à boucles dorées que Ian Gillan !
Allez, maintenant, je la ferme et on écoute :
Au fait, m'en voulez pas trop pour l'image fixe, mais c'est tout ce que j'ai trouvé sur Youtube. En tout cas, ça a l'avantage de présenter la version originale en studio, avec un son acceptable. Et ça vous évite de vous détruire les yeux. Et ça vous aide à ne vous concentrer que sur la musique.
Juste une petite remarque (mais les puristes auront déjà remarqué) : l'image présentée, c'est la pochette de Burn ! Alors que "Child In Time", est, je le répète, extrait de "In Rock". En plus, sur "In rock" et sur "Burn" (mais tous les puristes le savent), ce n'est pas la même formation de DP qui joue. Enfin, nobody's perfect !