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Sébastien Fritsch, Ecrivain
26 novembre 2009

Jean-Philippe Toussaint - La vérité sur Marie

Encore une lecture décevante. Pour faire court, je dirai que j'ai été totalement incapable de trouver le moindre intérêt à cette histoire et que le style m'a agacé plus que de mesure.
L'histoire est en fait un collage de trois histoires. Marie et le narrateur servent de lien entre les trois, ainsi que, pour deux d'entre elles, un certain Jean-Christophe de G. (qui s'appelle en vérité Jean-Baptiste de Ganay, mais le narrateur avait oublié son vrai prénom et, quand il s'en rappelle enfin, il préfère continuer à l'appeler Jean-Christophe de G., histoire de se venger de cet homme qui l'a rendu jaloux. Intéressant, non ?). Toussaint_la_verite_sur_marie
Dans ces trois histoires, il y a quand même quelques passages plaisants, voire prenants (la scène du malaise cardiaque de Jean-Christophe de G. au début, la scène de la fuite du cheval sur l'aéroport de Tokyo, au milieu, et la description des quelques jours de solitude de Marie, dans la troisième partie, lorsqu'elle part ranger la maison de son père défunt, sur l'île d'Elbe). 
Le problème, c'est que, en dehors de ces trois tableaux assez réussis, il y en a pleins d'autres qui n'ont suscité chez moi que de l'ennui. Non seulement parce que les sujets évoqués ne m'intéressaient pas, mais aussi parce que l'auteur semble avoir un goût prononcé pour l'écriture-remplissage, notamment à l'aide de listes (de tissus, de couleurs, et de toutes sortes d'autres choses susceptibles d'être listées et que j'ai oubliées, évidemment). 
Par ailleurs, certaines scènes commencent et ne s'achèvent pas : on est embarqués dans une histoire, on aimerait savoir où ça mène, mais on passe à autre chose sans avoir le fin mot. Là encore, on a une impression de remplissage stérile. 
Enfin, le style tient une grand part dans mon ennui. Jean-Philippe Toussaint semble disposer d'un vocabulaire très limité, puisqu'il se complait à répéter le même mot trois ou quatre fois dans un même paragraphe. A moins que ce soit recherché ? Pourquoi pas ? Mais le résultat est le même pour moi : ça m'agace. Parfois, c'est même un bout de phrase entier qui revient, à deux lignes d'intervalle. Etonnant.
Enfin, ce goût pour la répétition ne touche pas que la forme, mais aussi le fond : à de nombreuses reprises, l'auteur décrit de deux voire trois façons différentes la même chose, dans le même paragraphe, au cas où ses lecteurs ne seraient pas capables de visualiser ce que c'est qu'un homme mouillé par un orage ou une file de voitures immobilisées dans un embouteillage sous la pluie, par exemple. 
Au moins, je pourrai dire que cette année (et pour la première fois depuis longtemps), j'ai lu un livre primé. Mais je ne suis pas vraiment sûr d'avoir envie de tenter à nouveau l'expérience à l'avenir. 

 

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Commentaires
S
@ Sylvie : oui, la majorité des lecteurs encense ce roman... sauf trois ou quatre personnes que tu recenses sur ton blog. Je me sens moins seul... même si ça ne me dérange pas d'être à contre-courant à propos de ce livre.
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S
Tu fais partie des rares que j'ai trouvé sur la blogosphère qui sont déçus.<br /> Dans mon entourage aussi ce livre est franchement descendu : inintéressant et forme à faire fuir...<br /> moi, j'ai aimé. Et je suis curieuse de découvrir les titres précédents...
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S
@ Bartlebooth : tu ne m'étonnes pas : beaucoup de personnes, y compris dans mon entourage, l'ont aimé, tout en reconnaissant le vide derrière le style. Moi, vide et style m'ont effectivement laissé froid, comme tu dis.
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B
pour ma part j'ai bien aimé ce livre, voir beaucoup, mais il est vrai que le style de Jean Philippe Toussaint et le peu de profondeur romanesque de ces livres peut laisser froid
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