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Sébastien Fritsch, Ecrivain
21 avril 2009

Stéphane Michaka - La Fille de Carnegie

Ma rencontre avec ce roman de Stéphane Michaka a commencé sur le blog d'Antigone. Dans un billet en date du 2 mars, elle en disait le plus grand bien : j'ai retenu le titre et la couverture à la géométrie et à la luminosité caractéristiques. Je m'étais dit que je ne les oublierai pas et que je l'achèterai un de ces jours... Même si, parfois, un de ces jours, ça peut être lontain.

Michaka_la_fille_de_carnegie

La suite de l'histoire s'est produite à Lyon le 28 mars, lors du salon du livre policier "Quais du Polar". J'avais effectivement décidé de m'y rendre pour y rencontrer Patricia Parry, auteur dont j'apprécie tout particulièrement le style et les intrigues. La rencontre fut très agréable et, entre deux lecteurs qui lui demandaient des dédicaces, nous avons pu échangé sur nos vies d'écrivain, entre autres.
Et puis, j'ai aussi pu discuter avec un jeune homme assis juste à côté de Patricia, en tant qu'auteur de polar invité à ce salon, et qui s'est avéré fort sympathique. Evidemment, il s'agissait de Stéphane Michaka. Evidemment, je lui ai aussitôt dit que j'avais repéré son livre peu de temps avant et que c'était sans doute un signe du destin de le voir ce jour-là. Evidemment, je suis reparti avec le précieux volume !
Et bien m'en a pris : une fois encore, je ne regrette pas d'avoir suivi un avis de lecture d'Antigone.
"La fille de Carnegie" est certes un roman policier, puisque l'on suit dès le départ un flic plutôt antipathique, dénommé Bob Tourneur, et que l'on se retrouve, comme lui, impliqué dans la résolution d'un meurtre, survenu en pleine représentation de "La Flûte enchantée" au Métropolitan Opera de New York. La victime : un type d'une quarantaine d'années qui, d'après sa tenue trop décontractée, n'avait rien à faire dans ce lieu raffiné. L'assassin présumé : un type encore plus incongru, vêtu d'un tee-shirt "Bubbleland" (mais, c'est quoi, au fait, Bubbleland ?). Mais tout se complique quand on sait que la victime, touché par trois balles dans la poitrine, est tombée au milieu des spectateurs depuis la loge d'une riche héritière, la fille de Carnegie, et que l'assassin présumé n'est autre que Mike Lagana, ancien flic, ancien coéquipier de Bob Tourneur. Ce dernier va devoir composer avec tout cela et avec ses méthodes peu orthodoxes pour démêler ce sac de noeuds.
Mais ce roman n'est pas qu'un roman policier. C'est aussi un très beau roman d'amour. D'amours, au pluriel, pour être plus précis. Parce qu'elles sont nombreuses, s'entrecroisent d'une manière tout aussi complexe que les intrigues qui composent ce roman, et elles impliquent des personnages qui aiment d'autres personnes qui ne les aiment pas et en préfèrent d'autres. Mais si le pluriel est applicable au terme "amour", c'est aussi parce que Stéphane Michaka nous présente l'amour sous de nombreux visages : tendre, déçu, manipulateur, sensuel, passionné, cruel.
Et puis, parce que le talent de l'auteur ne pouvait se contenter de donner uniquement deux facettes à son roman, on trouve aussi entre les pages de "La fille de Carnegie", une plongée dans New York, celui des flics, celui des milliardaires qui vont à l'opéra, celui des cantatrices qui se soûlent dans les suites des palaces, celui des washaterias ("laveries" en spanglish) de spanish Harlem. Et cette immersion dans ces ambiances si diverses (et pleines d'érudition dans certains cas) est si réussie que l'on a du mal à refermer le livre sans un certain regret.
Un regret d'autant plus grand que l'on s'attache immanquablement aux protagonistes multiples de cette histoire multiple.  Car Stéphane Michaka fait tout pour qu'on les aime, ses personnages, même ceux qui semblent, au départ, être les pires salauds. Et même ceux que l'on aime dès le début et qui, finalement, sont peut-être pire encore. On leur pardonne, à tous, en fin de compte. Car rien n'est tout blanc ou tout noir dans cette ville complexe et grandiose qu'est New York. Et rien n'est tout blanc ni tout noir dans ce livre complexe et grandiose qu'est "La Fille de Carnegie".

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Commentaires
G
Eh bien, non, je n'avais pas lu ton billet mais c'est chose faite et mon envie de lire ce roman est encore plus grande. Vite, une librairie... :-)
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S
@ Antigone : mais il était tellement sympa, cet auteur, je suis sûr que tu n'aurais pas été intimidée. Merci pour me l'avoir fait découvrir.
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A
Je ressens dans ton billet toute les émotions que j'ai ressenti à la lecture de ce très très bon roman (excellent, magnifique !!). J'aurais bien aimé dire à l'auteur tout le bien que je pensais de son livre, je t'envie d'avoir pu le renconter...mais bon, comme je suis super timide ;o) Et je suis encore plus heureuse de t'avoir influencée, encore une fois !! On ferme ce livre à regret, tu as bien raison.
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