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Sébastien Fritsch, Ecrivain
17 janvier 2009

Philip Roth - Un homme

Un roman touchant, obligatoirement touchant, qui parle de ce que nous partageons tous : notre condition de mortels.
Avec une très belle écriture, Philip Roth nous fait voyager dans la vie d'un homme, un homme quelconque ("Anyman", comme le dit le titre original). Sa seule particularité est d'avoir une santé plutôt fragile ; un motif pour lui d'approcher plus fréquemment la mort. Et toutes les questions qu'elle porte.
L'auteur entremêle les différentes époques, positionnant en miroir roth_un_hommesouvenirs d'enfance et angoisse de la vieillesse, scènes "chaudes" vécue par un homme "dans la force de l'âge" et solitude du même, lorsque l'âge sans force, sans fierté, le trouve replié sur lui-même, désoeuvré, et ne récompense plus ses désirs que par l'amertume des regrets.
Et puis, il y a les amis que l'on ne voit plus, la famille dont on s'éloigne, avec ou sans raison ; et il y a, dans tout ce beau monde, ceux qui partent au cimetière, de plus en plus nombreux au fil des ans ; et il y a aussi ceux qu'il regrette déjà de laisser derrière lui (surtout sa fille Nancy) le jour (de plus en plus proche) où il ira rejoindre les précédents. Et il y la mort qui s'avance, bien sûr, la mort qui nous accompagne de page en page, dès la première, qui s'ouvre, logiquement, sur l'enterrement du personnage dont on suit la vie ensuite.
Avec cette compagnie permanente, tout au long du roman, on comprend qu'on a tort de penser que la vieillesse et la mort sont toujours lontaines.
"L'homme qui nageait dans la baie avec la mère de Nancy était arrivé là où il n'aurait jamais cru arriver. Il était temps de s'inquiéter du néant. L'avenir lointain l'avait rattrapé." (p137)
Pour autant, ce roman n'est pas triste. Il est poignant, par moments, c'est certain, mais il porte surtout ce message : profite des jours, aime ceux qui t'entourent et  "N'attends pas que ta main soit froide pour donner." (p 151)
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Ce roman m'a réconcilié avec Philip Roth. J'avais eu une très mauvaise expérience avec "j'ai épousé un communiste" qui m'avait semblé très long, très désordonné et n'avait pas apporté ce que je m'attendais à trouver, c'est-à-dire une vision de la machine maccarthyste, vue par l'une de ses victimes. Heureusement, sur les conseils de Dasola (oui, je me laisse influencer par les autres lecteurs-blogueurs... et c'est là l'un des intérêts du blog), je m'étais dis qu'il fallait que je tente de nouveau cet auteur. Je n'ai pas pris l'un des livres qu'elle me conseillait dans son commentaire, préférant opter pour un roman plus récent... et plus court. Mais, maintenant, je crois que je vais continuer à explorer l'univers de Philip Roth... et peut-être même relire "J'ai épousé un communiste"... sans rien en attendre de particulier cette fois-ci.

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Commentaires
S
@ Florinette : il mérite de faire une exception, celui-ci. Et peut-être qu'ensuite, il ne sera plus une exception, si tous les autres s'avèrent aussi bien écrits et aussi marquants.
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F
J'ai toujours un peu peur d'être déçue par les romans de cet auteur, mais je pense que je vais faire une exception pour celui-ci !<br /> Bon dimanche !
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