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Sébastien Fritsch, Ecrivain
8 mai 2008

Philippe Delerm - Le Buveur de Temps

Toujours la même plume douce, qui parle d'enfance, d'amitié et de tout ces détails qui donnent sa couleur, sa chaleur, son odeur, sa consistance, à la vie : une promenade, une discussion autour d'un verre, l'intimité d'un appartement, le plaisir de regarder un saltimbanque un soir d'été, les paysages parisiens ou belges ou hollandais ou suédois, et aussi une collection de billes de verre, une autre de kaléïdoscopes.
Tous ces détails, de même que l'enfance et l'amitié, sont magnifiés par le fait qu'ils sont découverts, au fil des pages, par un homme qui ne les a jamais connus. Et pour cause : cet homme, c'est celui que l'on voit sur la couverture du roman. Oui, c'est le personnage d'un tableau de Folon. Un jour, il sort du tableau, parce qu'il a rencontré le regard particulier d'un visiteur du musée où il est exposé depuis des années. Il sort du tableau comme on nait et il part à la découverte du monde et de la vie, entièrement vierge de souvenirs, de sensations, d'amitié et d'inimitiés, de joies et de tristesses. Ne devrions-nous pas faire pareil à chaque fois que nous reprenons le cours de notre existence, en nous levant le matin ? Ou à chaque nouvelle heure qui commence ?
Ces étranges amis (le visiteur-collectionneur-de-billes-et-de-kaléidoscopes et l'homme-peinture-qui-vient-de-prendre-vie), partagent dès cet instant une amitié simple, à laquelle viendra participer, après quelques semaines, un troisième homme : un jeune saltimbanque vêtu d'un costume florentin, qui danse dans les rues de Paris, et fige à chaque fois son public par son étrange magnétisme.
Ce sera pour l'homme-peinture l'occasion d'une découverte supplémentaire. La vie de son premier ami, simple, calme, n'est pas la seule vie possible. Il existe des vies déchirées, douloureuses. L'homme-peinture l'apprendra avec le jeune saltimbanque. Et l'on découvrira que la plume de Delerm ne connait pas que la douceur : elle sait aussi peindre la douleur et la difficulté de l'apprivoiser. Et toujours avec finesse.

Philippe_Delerm_le_buveur_de_temps

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Commentaires
S
@ Tidoigts, encore une fois le parallèle Bobin / Delerm... <br /> Si tu te lances dans "Anne d'Orval" et le "6ème Crime", je te soughaite bon voyage entre la Haute Auvergne et la Drôme... et entre le XIIIème siècle et le XXIème.
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T
Encore un que je ne connais pas...! hop, sur la liste qui traîne par terre :) Il y a un petit côté fantastique séduisant dans cette histoire.<br /> Tiens, je lis justement Le huitième jour de la semaine de Bobin actuellement. Cela devrait me plaire.Tes livres m'arrivent mercredi. Je vais encore être la dernière à les lire :( mais je suis tellement ravie!<br /> Bises.
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S
@ Kloelle et Tilu, c'est parce que l'auteur est maitrise l'art de faire passer ses messages que j'arrive à les retranscrire. <br /> Je suis aussi un inconditionnel de Delerm père (et aussi du fils, mais c'est une autre histoire), même si je n'ai pas encore tout lu.
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T
Moi qui suis une inconditionelle de Delerm (je crois que j'ai lu tout ce qu'il a publié), j'admire ta façon d'en parler...je ne sais pas parler de mes lectures, ou très mal... J'aurais aimé écrire ce billet là..merci Seb...
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K
Tu en parles bien...
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