Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sébastien Fritsch, Ecrivain
28 mars 2008

Eric Emmanuel Schmitt - La rêveuse d'Ostende

Pas grand chose à dire de ce recueil de nouvelles. Non seulement je n'ai pas trop le temps, mais en plus, je n'en ai pas vraiment envie. Déjà que je n'ai pas eu envie de le finir : j'ai lu trois nouvelles, en me forçant dès le milieu de la deuxième. Alors, maintenant que j'ai décidé d'abandonner, je préfère passer à autre chose. Quelque chose où il y aurait un style, du contenu, de la cohérence. Pas ces caricatures d'amours extrêmes servies par une plume plan-plan. Les situations sont trop invraisemblables pour être vraiment romantiques, le langage, en bas relief, sonne comme une rédaction d'élève de troisième : le texte est farci d'aphorismes cousus de fil blanc et prêts à l'emploi pour les pages roses du Petit Larousse, de nombreux mots semblent tombés du ciel, pas naturels, hors du contexte, pas adaptés à ceux qui les prononcent, à tel point qu'on a l'impression que Monsieur Schmitt a quelque peu abusé de son dictionnaire des synonymes. Mais le pire, ce sont les imparfaits du subjonctif (je peux en parler, j'en ai utilisés dans mon premier roman) : placés pour faire bien, sans doute, ils sont, comme certains mots, tout à fait inadaptés au contexte. En plus, ils sont très fréquemment mal gérés. En effet, si l'on se pique d'utiliser un imparfait du subjonctif dans une phrase, la moindre des choses est de respecter la concordance des temps.
Exemple : "... elle continuait comme si elle n'imaginait pas une seconde qu'on la soupçonnât de quoi que ce soit." (P131)
Il eût été plus juste d'écrire "... qu'on ne la soupçonnât de quoi que ce fût" et plus "contemporain" d'écrire "... qu'on ne la soupçonne de quoi que ce soit."
"Devant le chagrin de ses enfants aimés, elle éprouva un authentique remords, pas le regret d'avoir tué Gab, mais la honte de leur infliger cette peine. Quel dommage qu'il fût aussi leur père ! Quelle bêtise qu'elle ne les ait pas conçus avec un autre pour éviter de pleurer celui-là..." (P 131)
Il eût mieux valu écrire "Quel dommage qu'il eût été aussi leur père ! Quelle bêtise qu'elle ne les eût pas conçus avec un autre..."
Alors j'ai dit stop et je suis passé à Michèle Lesbre.  Et tout de suite, ça va mieux. Je ne peux pas porter de jugement pour l'instant (je n'ai lu que quarante trois pages), mais déjà j'ai senti de la vie derrière les mots.
Pourtant, j'ai mis en pause la Petite Trotteuse. Parce que, entretemps, j'ai commandé "Existe en ciel", de Christine Spadaccini. Et je l'ai reçu. Alors j'ai commencé à y glisser un oeil, comme ça, pour voir. Et puis l'oeil a glissé, glissé jusqu'à la page 22. Et il a alors eu envie de continuer, de continuer...
Il y a de la vie, là dedans, aussi. Et aussi un peu de mort, quand même. Mais, en fin de compte, il y a surtout le bonheur de voir qu'il y a encore des gens qui savent donner du sens aux mots.

Schmitt_Reveuse_Ostende

Publicité
Commentaires
S
@ Antigone, c'est effectivement l'écriture qui déçoit. A la limite, les situations peu crédibles ou trop banales pourraient passer si l'écriture était moins plan-plan.
Répondre
S
@ Tilu, si tu oublies ce titre, ce n'est pas moi qui t'en voudrais... ;0)
Répondre
A
J'ai été un peu déçue par ce livre-là également. Son écriture m'a laissée sur ma faim.
Répondre
T
Ouf, un qui ne viendra pas faire grandir encore plus ma PAL.... ;-)
Répondre
S
@ Amanda. Pas d'émotion, comme tu dis. Mais je l'ai trouvée dans d'autres pages, alors je me console...
Répondre
Publicité
Derniers commentaires
Publicité