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Sébastien Fritsch, Ecrivain
17 novembre 2010

Osvaldo Soriano - L'Heure sans ombre

Le narrateur est un écrivain en vadrouille dans les immensités argentines : immensité des espaces, immensité de l'histoire, immensité des solitudes qu'il est amené à rencontrer.
Son périple semble avoir deux buts : il cherche à la fois son père (malade en phase terminale, il s'est senti un soudain regain de vitalité et s'est enfui de l'hôpital) et son prochain roman. Il avance donc, au fil des routes, remontant le temps, retraçant l'histoire de son père, identifiant les lieux dans lesquels cette histoire s'est inscrite. Il suppose que le vieil homme va obligatoirement retourner là où il a connu ses années les plus heureuses. Soriano_L_heure_sans_ombre
Avec le narrateur, on visite donc l'Argentine et son passé : le père était tombé amoureux, dans les années 40, d'une femme qui était modèle pour une célèbre marque de savon. Une femme d'une grande beauté, mais aussi une femme très célèbre, à cette époque où les mannequins n'étaient pas si nombreux. Le père du narrateur, lui, était représentant pour un studio de cinéma américain : il allait placer les films dans toutes les salles du pays. Il était donc totalement insignifiant face à cette femme exceptionnelle. Il restera d'ailleurs dans son ombre pendant de longs mois, regardant passer les prétendants, jusqu'à ce qu'elle daigne s'intéresser à lui. Puis lui donner un enfant.. qui est donc notre narrateur.
On découvre ainsi l'Argentine des années 40, 50, 60, par le regard de cet homme, cet écrivain à la recherche de son père enfui. Mais on voit aussi ce qu'est la difficulté d'écrire, la difficulté de partir à la recherche d'un texte qui, comme ceux qui nous entourent, ne se laisse par attraper, ni même comprendre, si facilement. Le parallèle entre les deux est d'ailleurs le pivot de ce roman. Le narrateur fait des kilomètres, mais il continue à écrire, ou à tenter d'écrire : dès qu'il fait une halte, il sort son ordinateur portable et reprend son texte, assis sur la banquette arrière. Et s'il n'a pas le temps d'allumer l'engin alors qu'une idée lui vient, il pose sa voiture n'importe où au bord de la route et écrit son idée sur un petit papier qu'il colle sur un coin du tableau de bord, ou bien il l'inscrit directement au marqueur sur la carrosserie.
Entre les flash backs, les rencontres multiples et farfelues, les considérations sur la difficulté d'écrire, sur la difficulté d'être fils ou père ou mari, ce roman peut sembler un peu brouillon. Mais, qu'il parle d'amour, d'amitié, de souvenir ou d'écriture, il le fait avec un ton juste, parfois humoristique, toujours sensible et qui touche le lecteur. Et puis, quels que soient les méandres du parcours du narrateur (et ceux de la plume d'Osvaldo Soriano), le texte suit pourtant un fil clair, net : celui du sens de la vie, du sens de nos actes. Et il pose la question de savoir ce qui compte vraiment : les hommes ou les choses. 

D'autres infos sur ce roman ici

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Commentaires
V
Très beau livre, je le recommande
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