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Sébastien Fritsch, Ecrivain
23 mars 2010

Christelle Ravey - Etrennes de Russie

C'est au salon du livre de Champagne au Mont d'Or que j'ai rencontré Christelle Ravey. J'ai tout d'abord remarqué ses romans grâce à leur graphisme, simple et élégant (pour tous les voir, vous pouvez aller sur le site de son éditeur). Mais l'habit ne faisant pas le moine, j'ai quand même voulu savoir ce que recélaient ces beaux petits objets. J'ai donc parcouru quelques pages, au début, au milieu... Le style de l'auteur s'accordait plutôt bien avec la première impression : élégant, travaillé avec finesse, très fluide, très agréable.
Hélas, une fois faites toutes ces constatations, un grave problème se posait : quel roman choisir ? Je laissai donc l'auteur me présenter ses quatre oeuvres... et je jetai mon dévolu sur Etrennes de Russie
En entamant la lecture de ce roman, on peut se demander ce que peut bien signifier ce titre et quel rapport il peut avoir avec le décor dans lequel l'auteur nous entraine. On se trouve en effet transporté en Vendée, à la Tranche-sur-Mer pour être plus précis, à la fin des années 1920. Christelle_Ravey_etrennes_de_russieLà, dans une grande villa à deux pas de l'océan, une petite fille solitaire prénommée Sidonie vit la vie de toutes les petites filles sages de l'époque : pendant que ses deux grands frères vont courir sur la plage, pêcher des coquillages et que sais-je encore, elle reste à la maison à faire de la broderie. Et tous les après-midi, la petite Sidonie monte dans sa chambre pour faire la sieste. Mais elle ne dort pas. Elle regarde, par la fenêtre, la maison située de l'autre côté du chemin qui mène à la plage. Et dans cette autre maison, une femme apparait parfois derrière les voilages ; une femme que l'on ne voit jamais sortir, une femme si fine et pâle qu'elle paraît presque transparente ; une femme qui, un jour, semble faire un signe à Sidonie. 
Mais l'auteur nous éloigne de ce décor d'enfance, avec ses joies simples, ses questions dont les adultes détournent les réponses, ses secrets, ses inquiétudes et ses malheurs. Et l'on constate alors que, quel que soit le lieu ou l'époque, elle sait dépeindre avec le même talent des scènes amusantes, tendres, douloureuses, poignantes, cruelles ou, au contraire, émouvantes d'humanité. C'est ainsi que nous rencontrons une jeune étudiante parisienne de notre époque, un soldat allemand engagé dans la campagne de Russie en 1944, désespéré et meurtri par le froid, puis un couple d'exilés russes qui débarque à Paris juste après la révolution d'octobre. La Russie se dessine, on commence à deviner le sens du titre. Mais il reste toujours le mystère : quel était donc le secret de la belle recluse de la maison en bord de mer ? A-t-elle vraiment fait un signe à la petite Sidonie ? Et que voulait-elle lui dire ? Et, maintenant, quel lien peut bien exister entre tous ces personnages ? Que cherchent-ils, les uns et les autres ? Plus on croit comprendre, plus les questions s'accumulent.
Je n'en dirai évidemment pas plus, pour garder le suspense, mais, après l'élégance de la couverture, la beauté du style, la force et l'émotion de certaines scènes, il me faut souligner cette aptitude de l'auteur à maintenir la tension au fil des pages. Et quand, quelques chapitres avant la fin, l'ensemble du puzzle commence à se mettre en place, on n'a qu'une envie : atteindre la dernière page pour savoir, parmi tous les secrets que l'on devine, quels seront ceux qui parviendront à vaincre le temps et apporter le soulagement aux personnages. 

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Commentaires
S
@ Antigone : je te recommande vivement ce roman. Pour l'histoire et pour le style, je pense effectivement qu'il devrait te plaire.
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A
Tiens, je vais noter ce titre, peut-être aussi parce que nous partageons le même prénom...;o) Un petit quelque chose me dit que cela devrait me plaire, et puis le thème me plait !!
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