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Sébastien Fritsch, Ecrivain
27 décembre 2009

Jim Harrison - Retour en Terre

Ce roman s'articule autour d'une figure masculine, celle de Donald, un métis indien qui vit près du Lac Supérieur et qui,

harrison_retour_en_terreatteint de sclérose en plaque, sait qu'il ne lui reste que quelques jours à vivre. Le sujet principal est donc l'accompagnement d'un proche dans la maladie, au cours des phases successives de son déclin, puis vers la mort. L'auteur nous expose ensuite, très logiquement, les différentes façons de vivre le deuil, d'accepter ou de ne pas accepter la mort, de construire la vie d'après, selon les principes, les croyances ou encore le caractère de chacun. Sur ce point, ce roman est très réussi, parce qu'il mêle très habillement le ressenti de multiples personnages, en utilisant uniquement quatre points de vue dont celui de Donald lui-même (le premier chapitre) et celui de sa femme Cynthia (le dernier).

A côté de cela, l'auteur nous propose une découverte de ce coin d'Amérique, à la limite des Etats-Unis et du Québec, avec son climat, son mode de vie et les croyances conservées par les indiens qui le peuplent encore. Croyances qui aident certains personnages à traverser cette épreuve. Cette "visite guidée" est une autre facette de ce roman que j'ai appréciée.
Un troisième point positif est la méthode de narration, toujours à la première personne, alors que l'on change de narrateur quatre fois. Jim Harrison sait modifier le ton pour nous placer réellement dans la peau de chacun d'eux, jusqu'à nous faire ressentir avec une grande précision ce que peut endurer un homme en fin de vie ou une femme en deuil. Je dois même dire que le chapitre dans lequel le narrateur est David, le frère de Cynthia, m'a paru le plus ennuyeux... aussi ennuyeux que David lui-même, avec ses petites habitudes (dont ses trois siestes quotidiennes), ses questions existentielles, sa vie plate de fils de riches, qui n'a pas vraiment besoin de travailler, mais se lance dans un entreprise humanitaire pour aider les émigrants mexicains, comme pour se donner bonne conscience.
Heureusement, le tout dernier chapitre, qui nous permet de suivre la vie de Cynthia, la veuve de Donald, et d'approfondir encore notre connaissance des relations entre elle et ses enfants, est beaucoup plus intéressant et touchant. Il permet d'oublier les pages un peu longuettes du chapitre "David" et également le nombre excessif de digressions et d'anecdotes dont l'auteur parsème son roman.
Cet excès, qui rend le roman très touffu et parfois confus (j'ai eu à certains moments du mal à resituer certains personnages), est finalement le seul reproche que je ferai à ce livre.  Bien sûr, ces petits "écarts" dans la narration sont utiles pour comprendre l'évolution des personnages, leurs histoires personnelles, la façon dont leurs caractères se sont forgés. Par ailleurs, en nous décrivant de multiples petits épisodes de leurs vies, l'auteur nous les rends plus proches, nous autorisant alors plus facilement à nous fondre dans le décor pour suivre cette famille au long de ces mois pénibles. Il m'a pourtant semblé parfois qu'il y en avait un peu trop et que l'histoire n'aurait pas pâti d'être un peu allégée de quelques unes de ces petites historiettes annexes.

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