Lectures d'automne
Manquant de temps depuis quelques mois, j'ai été plutôt avare en compte-rendus de lecture durant l'automne. Au début, je reportais de quelques jours la rédaction de mes avis sur ce blog, puis c'est carrément devenu le désert : j'avais toujours le temps de lire (ça, c'est l'effet TCL), mais plus le temps d'écrire. De mi-novembre à mi-décembre, les billets littéraires ont donc été rarissimes sur ce blog. Seuls sont passés au travers les romans pour lesquels j'ai eu un vrai coup de coeur : Patrick Modiano, Ray Bradbury et Hélène Dassavray.
Pour les autres, je rattrape maintenant mon retard et vous présente donc cinq romans d'un coup :
Henning Mankell - Les Chiens de Riga - Ce roman m'a réconcilié avec Mankell. Mon premier essai avait été plutôt décevant (c'était "L'Homme qui souriait"). Mais les introspections longues et répétitives du commissaire Wallender qui m'avaient un peu rebuté lors de ma précédente lecture, m'ont paru moins lourdes cette fois-ci et conféraient (comme cela était sans doute voulu par l'auteur) un côté très humain, très humble et fragile à cet enquêteur. Le fait qu'il se fasse ballader par ceux qu'il essaie de coincer rend le personnage encore plus pitoyable et donne envie de continuer à le suivre dans ses péripéties. Par ailleurs, l'ambiance de fin de guerre froide et de chute du communisme en Lettonie m'a beaucoup plu : Mankell rend très bien l'impression d'oppression, la sensation d'être observé, suivi, menacé sans cesse ; de même qu'il restitue aussi parfaitement la pauvreté du pays à l'époque (le roman a été écrit en 1991). Agréable suprise, donc.
Ken Follett - Peur blanche. J'ai mis à ce roman la même note que pour celui de Mankell, mais cela se justifie par un sentiment inverse : ici, c'est plutôt une déception, légère mais bien réelle. Je le classe donc en dessous des précédents Follett que j'ai pu lire. L'histoire est bien agencée (trop bien : sur chaque page, la proportion élevée de hasards fortuits et surprenants au centimètre carré de papier est un peu surprenante... et à mon avis pas du tout fortuite), les personnages sont bien décrits (trop bien : les méchants parfaitement méchants et parfaitements idiots, les gentils parfaitement pafaits et parfaitement intelligents : tout cela semble tout de même un peu caricatural). Une lecture prenante (mission accomplie, Mister Follett !), mais une histoire un peu trop lêchée, voire artificielle... ce qui mérite peut-être aussi un "mission accomplie, Mister Follett !" ;0)
Pierre Magnan - Le Sang des Atrides. Heureux hasard : au cours du salon du livre de Colmar, trois personnes différentes m'ont parlé de cet auteur que je ne connaissais pas du tout. Je me suis donc mis en quête de l'un de ses romans et j'ai porté mon choix sur le premier qui l'a fait connaître. Et en le refermant, j'ai vraiment envie de découvrir le reste de son oeuvre. Présenté comme un roman policier, le Sang des Atrides est certes basé sur une énigme criminelle. Mais l'attention portée par l'auteur à chacun de ses personnages, son goût pour nous faire découvrir son coin de France (la ville de Digne, pour être précis) et son langage plein de verve et d'humour, montrent que ce n'est pas uniquement l'intrigue policière qui l'intéresse. Et quand on se rend compte que les principales découvertes qui permettront de faire avancer l'enquête sont liées à des hasards plus que surprenants (pour ne pas dire tirés par les cheveux), on comprendra que la priorité de Pierre Magnan n'est réellement pas de nous mener en bateau par une intrigue alambiquée, mais plutôt de nous faire savourer sa plume vivante et de nous inviter à explorer quelques "profils psychologiques" tous aussi touchants (et bien "écrits") les uns que les autres.
Emmanuelle Urien - La Collecte des monstres : un recueil de nouvelles dont j'attendais beaucoup, à force de lire des critiques positives (voire très positives) ici ou là sur des blogs. En attendais-je trop ? En tout cas, j'ai été déçu. Le style était présenté partout comme grinçant ; je l'ai trouvé correct et... un peu trop correct, un peu trop lêché, dénué de la petite étincelle qui surprend et donne à chaque auteur sa "couleur" personnelle, à la fois attachante et reconnaissable. Par ailleurs, les chutes de chaque histoire étaient vantées comme surprenantes ; dans la majorité des cas (disons dans quinze nouvelles sur dix-huit), j'avais prévu la fin avant qu'elle arrive. Bon, disons que j'aurais essayé.
Michel Tremblay - La Grosse femme d'à côté est enceinte. Je n'ai vraiment pas réussi à terminer ce roman : malgré mes efforts, il m'a été impossible d'entrer dans cette histoire qui mêle une foule de personnages et raconte leurs vies dans les moindres détails, détails qui m'ont semblé hautement inintéressants. J'avais lu je ne sais plus où que ce roman était plein d'humour... j'ai cherché pendant 150 pages et je ne l'ai pas trouvé. Pas d'intrigue, pas de personnages attachants, pas d'humour : alors, je me suis dis : pourquoi ne pas essayer aussi "pas de lecteur" (pour paraphraser Vincent Delerm).