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Sébastien Fritsch, Ecrivain
22 août 2007

Hugo Boris - Le Baiser dans la Nuque

"Il neige. De cette neige qui embellit tout, rend aux ruines leur virginité, comme la maternité aux filles de rien." (page 72)

Un roman plein de sensibilité, d'une écriture toute en nuances et en poésie. Il présente une confrontation qui peut sembler classique entre une femme et un homme. Mais elle est sage-femme et presque sourde et lui est professeur de piano (il va lui donner des leçons) et presque solitaire. Je dis bien "presque". Il serait tout à fait solitaire s'il ne voyait vraiment personne, mais certains personnages secondaires passent dans sa maison. Pourtant, aucun n'est celui qu'il a attendu pendant des années et s'est résolu à ne plus attendre.
De ces deux vies qui se croisent nait un parallèle entre ces deux métiers (sage-femme et professeur de piano) qui permet la création de pages splendides. On lit d'émouvantes descriptions d'accouchements puis viennent les leçons de piano qui semblent en être des transpositions. L'émotion,  le travail, la persévérance et le côté "technique" de chacune de ces deux "opérations" (accoucher et apprendre à jouer une partition) se répondent de page en page. L'auteur montre bien (avec force détails très précis et très justes) le fonctionnement des deux "mécaniques", aussi délicates et merveilleuses l'une que l'autre : celle du corps qui donne vie et celle de l'instrument. D'ailleurs, le mot "mécanique" revient à plusieurs reprises dans le roman, tantôt pour les naissances, tantôt pour le piano, mais l'émotion est toujours derrière cette "mécanique". Et c'est ce qui en fait la beauté. Il y a aussi une séance d'accordage de l'instrument qui montre encore plus le rapprochement entre les deux "activités".
Finalement (mais n'est-ce pas le but de l'auteur), on en vient à croire que donner la vie et créer ou jouer une pièce pour piano (et peut-être créer n'importe quelle oeuvre d'art) sont deux arts frères. Et l'interprète et l'accoucheuse sont tous deux des révélateurs de richesses cachées.
Et puis il y a le dénouement, aussi élégant et poétique que le reste de ce texte. On ne saurait dire si c'est un court roman ou un long poème, mais c'est en tout cas un vrai plaisir.

Le_baiser_dans_la_nuque

La quatrième de couverture (que j'ai lue après avoir fini le roman, selon mon principe habituel) dit ceci :
"La rencontre improbable d'une femme guettée par la surdité et d'un professeur de piano. Louis et Fanny. Un homme et une femme qui se retrouvent chaque jeudi. Elle devient sourde. Il est professeur de piano. Elle veut prendre de court le handicap, faire le deuil de la musique avant de sombrer dans le silence. Les autres jours de la semaine, elle est sage-femme. Leçon après leçon, elle raconte. Leçon après leçon, il écoute. Une monnaie d'échange. Un baiser dans la nuque. Qui permettra peut-être de panser une blessure dont elle ignore encore la profondeur."

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Commentaires
S
@ Claudio, merci de ta visite et de ton commentaire, fort agréable.
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C
Bonjour,<br /> <br /> J'ai découvert votre blog par l'entremise d'une amie (Ondine, vous connaissez). Vos textes sont très beaux. Je lirai d'ici les prochains jours vos nouvelles. Merci de cette heureuse rencontre.<br /> <br /> Claudio
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