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Sébastien Fritsch, Ecrivain
2 septembre 2012

Patricia Parry - Sur un lit de fleurs blanches

Patricia Parry Sur un lit de fleurs blanches

Avec ce roman, nous voilà transportés dans le Paris du XIXè siècle. Deux personnages centraux nous servent de guides : tout d'abord Clara, "horizontale" de luxe, connue dans toute la ville et qui, au tout début du roman, vient de perdre son amant, le vieux comte de La Paillerie, qui lui permettait, par ses largesses, de vivre une vie fastueuse depuis des années ; ensuite, nous rencontrons Victor, jeune médecin, dévoué et rigoureux qui a la particularité d'avoir la peau plus foncée que l'immense majorité des habitants de la capitale. Une courtisane et un métis : deux personnages à part dans le Paris de l'époque. Une femme du monde et un homme du peuple : deux personnages aux antipodes l'un de l'autre. Pourtant, il semble avoir un point commun : le vieux comte de La Paillerie.En effet, d'après les dernières volonté du défunt, Victor devient légataire d'une forte somme d'argent. Et Clara est désignée par feu son amant pour la lui remettre.

La courtisane est surprise, certes, de cette mission. Mais le jeune médecin l'est encore plus de voir tomber du ciel une telle manne : avant ce jour, il n'avait jamais entendu parler de ce comte de la Paillerie.
Quelle peut bien être la raison de cette générosité posthume ? Voilà la première question qui se pose au lecteur. Mais elle est bien vite oubliée quand Clara, lors d'une visite discrète et solitaire sur la tombe du comte defunt, découvre, dans une fosse voisine fraichement creusée, le cadavre d'un enfant, exsangue et disposé sur un lit de fleurs blanches. 
Ce nouveau roman de Patricia Parry, je l'ai tout simplement dévoré (comme les précédents)... et adoré (comme les précédents). Roman policier, médical, historique, social, c'est en tout cas un roman très bien écrit (comme les précédents), à la fois pour sa langue et sa construction. On se laisse emporter par l'écoulement de phrases élégantes tout autant que par le suspense. Je trouve d'ailleurs qu'il est très habilement amené, avec des réponses données très tôt... pour mieux en cacher d'autres, des personnages doubles, d'autres insoupçonnables qui se révèlent les plus pervers, sans parler des rebondissements multiples de la fin qui ajoutent des révélations successives alors que l'on croit que l'on a déjà atteint la conclusion. Enfin, comme autre qualité d'écriture, il y a, une fois encore, la manière de l'auteur de dépeindre les personnages, avec leurs questionnements, leurs sentiments, leurs peurs. Cela les rends très vivants, très proches de nous, et augmente encore le plaisir de lire.
J'ai aussi beaucoup aimé les autres facettes de ce roman : le côté historique, qui fait se rejoindre la grande Histoire et la vie miséreuse des gamins de la rue au XIXè siècle, mais nous permet aussi de découvrir le monde et les règles de la prostitution et le monde (et les règles) du journalisme de l'époque. Pour le côté social, c'est encore tous ces gosses laissés pour compte, orphelins, apprentis, traités comme des esclaves, mais il y a aussi la présence continuelle du racisme et toutes les superstitions avec lequel on cherchait à le justifier. Enfin, il y a, évidemment, les explications médicales (clé de beaucoup de questions), et, là encore, Patricia Parry a réussi à nous transporter au XIXè et à nous faire découvrir la vision qui existait à l'époque dans certains domaines de la médecine, notamment certains sujet sur lesquels les recherches étaient encore à leurs balbutiements, avec les inévitables erreurs que commettaient les chercheurs, malgré toute leur bonne volonté.
Un roman riche, prenant, instructif, émouvant.
Une écriture élégante, évocatrice.
Une romancière toujours aussi talentueuse.

Pour en savoir plus sur l'auteur et son roman; rendez-vous sur son blog.
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Commentaires
S
@ Gwenaëlle : eh oui, je ne compte pas mes compliments quand un roman me plait. Tu peux essayer celui-ci, il est un peu différent de "Petits arrangements...", même si l'on retrouve l'écriture et le sens du suspense de l'auteur. La différence tient surtout dans le fait qu'il n'y a pas d'aller-retour entre deux époques dans celui-ci.
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G
Je n'avais pas été totalement convaincue par Petits arrangements avec l'infâme mais je veux bien ré-essayer... En tout cas, quand tu aimes, tu ne comptes pas! Quel billet, mazette! ;-)
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