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Sébastien Fritsch, Ecrivain
4 novembre 2008

Jacques Poulin - Le Vieux Chagrin

 

Poulin_vieux_chagrin"Quand vous commencez à écrire une histoire, vous êtes comme un voyageur qui a vu de très loin un château. Dans l'espoir de l'atteindre, vous suivez un petit chemin qui descend au flanc d'une colline vers une vallée couverte de forêt. Le chemin se rétrécit et devient un sentier qui s'efface par endroits, et vous ne savez plus très bien où vous êtes rendus; vous avez l'impression de tourner en rond.
De temps en temps, vous traversez une clairière inondée de soleil, ou vous franchissez une rivière à la nage. Au sortir de la forêt, vous escaladez une petite montagne. Parvenu au sommet, vous apercevez le château, mais c'est sur la colline suivante qu'il se trouve, et il est moins beau que vous ne l'aviez cru: il fait penser à manoir ou à une grande villa.
Sans perdre courage, vous descendez encore une fois dans une vallée, vous traversez une forêt obscure en suivant un sentier presque invisible, puis vous grimpez au sommet de la colline et, à bout de force, vous arrivez enfin devant le château.
En réalité ce n'est pas un château, ni un manoir, ni même une villa: c'est plutôt une vieille maison délabrée et, curieusement, elle ressemble beaucoup à celle où vous avez passé votre enfance."

(Cet extrait apparaît page 73 et 74 du "Vieux Chagrin", et, du début à la fin, il me rappelle fortement ce que je ressens quand j'écris).

Un roman à la saveur douce, garni de pépites de tendresse et nappé d'un mélange de sagesse et d'humilité à propos de l'art d'écrire et de la façon d'être écrivain.
Deuxième livre de cet auteur dans lequel j'ai glissé les mirettes. Et le charme opère encore.
Juste pôur info, dans le livre, "Chagrin" est le nom d'un vieux chat, qui suit son maître, écrivain solitaire, dans toutes ses activités (matinées d'écriture au grenier, promenades sur la plage, accueil d'inconnues...)

 

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Commentaires
S
@ Claudio : une "solitude habitée et riche", c'est effecttivement ce que l'on ressent en suivant le narrateur du "Vieux Chagrin". Mais j'ai cru comprendre que c'est aussi ce que vie Jacques Poulin lui-même.
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C
Bonjour Seb, <br /> <br /> Très heureux de savoir que l'univers de Jacques Poulin t'a plu. J'ai versé une petite larme à la fin de ma lecture de Le Vieux Chagrin, qui est le premier Poulin que j'ai lu. Il y a peu de tendresse de ce niveau dans la littérature, si bien que le lecteur voudrait parfois avoir la vie du personnage principal tellement sa solitude est habitée et riche en tous points.
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S
@ Lucie : c'est une récompense qui me parait méritée. Même si je n'ai lu pour l'instant que deux romans de Poulin, j'ai déjà la nette certitude que c'est un grand auteur. En tout cas, j'aime beaucoup son style et ses univers. Et je te suis d'autant plus reconnaissant pour me l'avoir fait découvrir, avec "Les Grandes marées". Il me reste encore sous le coude "Le Coeur de la baleine bleue", souvenir de ta visite à Lyon en juin dernier. Il faudra que je m'y plonge bientôt.
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L
J'aime beaucoup l'écriture de Poulin et j'étais d'autant plus ravie de lire ce matin qu'il se méritait le Prix Gilles-Corbeil, un prix littéraire québécois remis aux trois ans, pour l'ensemble de son œuvre.
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