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Sébastien Fritsch, Ecrivain
7 novembre 2007

Milan Kundera - L'Identité

Kundera utilise une banale histoire d'amour et ses banals doutes pour nous interroger sur l'identité.

L'identité de celui que l'on aime.
L'aimerait-on de la même façon s'il était différent ? Aimerait-on autant quelqu'un qui lui ressemblerait en partie ? L'aimera-t-on encore quand le temps l'aura changé ? C'est ce type de questions qui harcèlent Jean-Marc, le personnage masculin principal, à propos de Chantal. Mais Chantal fait naître aussi des interrogations : aime-t-on l'autre pour ce qu'il est ou pour ce qu'on imagine à son sujet ?

L'identité de celui que l'on est.
Sommes nous vraiment ce que nous voulons être ? Sommes nous vraiment ce que nous prétendons être ? Jean-Marc se dit marginal et anticonformiste. Il vit au crochet de sa femme, dans le confort. Chantal, pour sa part, a l'impression d'avoir deux visages : dans le privé, elle est sympathique, ouverte, anticonformiste également ; au bureau, elle se plie au protocole de sa boîte de pub, où l'efficacité froide prime sur l'humain, où l'on sourit à tous, même si on souhaiterait en tuer la moitié.

Ce roman est attachant surtout pour ces questionnements dans lesquels il nous entraîne sans lourdeur. Ce ne sont pas de grandes envolées philosophiques, mais des dialogues, des situations qui posent les sujets et apportent des réponses, propres à chaque personnage. Aucune de ces réponses n'est définitive, assenée comme la grande vérités. Elles ressemblent plus à des invitations à chercher nos propres réponses.

Le style, quant à lui, n'est pas désagréable à lire, mais on sent qu'il n'est qu'un outil pour véhiculer des idées, faire avancer l'intrigue (car il y en a une, et on veut savoir jusqu'où iront les deux personnages dans leur quête de leur véritable identité et dans leur rejet des autres identités qu'on leur prête ou qu'ils se sont inventés). Il n'y a donc pas de chaleur ni de poésie dans l'écriture, mais une efficacité à conduire son sujet et à nous entraîner derrière lui qui, finalement, nous fait passer un bon moment. Mais un moment troublant. Comme sont troublants les doutes que l'on peut concevoir sur soi-même.

Et j'ai retenu cette phrase : "Quel est le moment précis où le réel s'est transformé en irréel, la réalité en rêverie ? Où était la frontière ? Où est la frontière ?"

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Commentaires
S
@ Jérémie. Tu as raison de parler d’expérimentations auxquelles l’écrivain soumet ses personnages. C’est exactement ce que j’ai ressenti en lisant ce roman.
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S
@ LinaLoca, jai eu aussi ma période Kundera quand j'étais plus jeune... mais c'était surtout pour commencer des livres que je ne finissais jamais. J'ai peut-être eu tort, puisque celui-ci était finalement agréable.
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J
Salut sebastien, j'ai, comme beaucoup de gens je suppose, lu "L'insoutenable légerté de l'être". Il y a quelque chose qui m'intrigue chez Kundera : il fait subir à ces personnges toutes sortes d'atrocités, comme si il expérimentait des réactions. J'entends par atrocité aussi des questionnements... "L'identité" est déjà en soi un titre important et annonce pas mal de chose si j'en crois ton commentaire... Je vais allé voir ça de plus près... A bientôt,
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L
Il faut que je relise Kundera, mon auteur chéri d'adolescente... J'avais soudain l'impression de comprendre le monde! Et comme tout ce qu'on a adoré à cette époque de la vie, je lui ai tourné le dos. Enter Sébastien Fritsch ;-))
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