Péplum - Amélie Nothomb
Quelle horreur ! C'est un
ramassis d'enfantillages, de non-sens, de coq-à-l'âne servis sous forme de dialogue
agressif ininterrompu. Le résultat est non seulement plat (aucune profondeur
psychologique) mais aussi très très très très agaçant.
Pour tout dire,
ça ressemble fort à un délire de gamine de CP : "On dirait que j'irais
dans l'avenir et pis que j'inventerai tout plein de trucs-machins, des habits rigolos, des ustensiles bizarres, des aliments incroyables et pis, j'en profiterais aussi pour faire un peu de potilique-fisquion, pour montrer que je suis une grande ! Oh, ce sera gai ! Et
on dirait aussi que je me disputerais avec le mec qui m'a obligée à
aller dans l'avenir et pis en même temps j'en profiterais pour lui
réciter tout ce que j'ai retenu de tous les bouquins que j'ai lus. Et j'en ai lus, pfouh ! des tonnes ! Et ça, il faut que tout le monde le comprenne bien ! Ce sera vraiment un super
pestacle, surtout à cause que que c'est moi que je fera tout le
pestacle !"
A propos des coq-à-l'âne, on voit même très nettement,
à plusieurs moments, les rapiéçages qu'Amélie a fait dans son texte.
C'est-à-dire que si on enlève tout ce qui se trouve entre deux
coq-à-l'âne, l'enchaînement entre la réplique qui précède et la
réplique qui suit se fait de manière relativement cohérente (agaçante, certes, mais
cohérente). Alors pourquoi a-t-elle voulu rajouter des bouts de textes,
comme ça, en plein milieu ? Parce que ça lui faisait plaisir ? Parce
qu'elle avait oublié de parler d'un machin futuriste que sa petite tête
venait d'inventer ? Parce que son éditeur lui avait dit : "Bon, écoute,
Amélie, j'ai déjà pris une police 14, des marges de 3,5 centimètres,
mais j'y arrive pas, là : faut que tu fasses un effort ! Je peux quand
même pas mettre "roman" sur la couverture d'une brochure de 42 pages !"
? Aura-t-on jamais la réponse à de telles questions ?
Ah,
j'oubliais de préciser qu'avant de lire ce roman, j'étais un
inconditionnel d'Amélie (enfin de ses livres, pas du personnage
ridicule à chapeau). J'aime son style qui évite la facilité (même si
c'est peut-être ça, la facilité, pour elle) et je me suis habitué à son
gongorisme, mais là, grosse déception.
Cela doit sans doute
s'expliquer : je n'ai lu pour l'instant que ses cinq premiers romans.
Or, j'ai vu dans divers articles et sur divers blogs et j'ai entendu
dire par certains amis qu'Amélie avait écrit des oeuvres de bonne
qualité au début puis avait sérieusement décliné... jusqu'à la cuvée
2007 qui, paraît-il, est de nouveau réussie. Je vais voir si j'ose m'y
remettre.
Enfin, de toute façon, ce ne sera pas avant quelques
années : j'attendrai que "Ni d'Eve ni d'Adam" soit sorti en poche puis
qu'il soit disponible en occasion. J'adore lire des livres d'occasion.
Surtout pour les marque-pages que j'y trouve. Chacun raconte une
histoire. Ou du moins, chacun me propose d'en inventer.
Dans "La vie
Interdite", par exemple, j'ai trouvé deux images de chats. En les
retournant, j'ai vu qu'elles avaient été découpées dans un
calendrier. Dans l'une des cases (jeudi 16, sans précision ni du mois,
ni de l'année), on lisait "Partiel". Quelle matière ? Quelles études ?
Quelle ville ? Un garçon ? Une fille ? Disons une fille. Lisait-elle
dans le bus ? Le métro ? Sur un banc ensolleillé dans un square près de
sa fac ? Etait-elle angoissée ? Sûre d'elle ? Etait-elle amoureuse ? Attendait-elle ses résultats ou la venue d'un garçon pour un premier rendez-vous ? Pourquoi était-il en retard ? Le roman qu'elle lisait l'avait-il aidée à ne pas se poser cette question ?
Si oui, nous sommes amis. Sans nous connaître. Amis de livre, qui n'ont d'autre lien que le partage de ces pages.